vendredi 1 avril 2011

Dernière nuit française...

« Un être rencontré, un mot cueilli au passage, et voici que germe l’idée de partir ; parfois elle attend des années, dans l’ombre, son heure. Parfois, l’on joue à préparer une impossible fuite, en sachant bien qu’on ne s’y donnera pas, et l’on est surpris de voir qu’on a déclenché automatiquement une machine dont on n’est plus maître : nous ne pensions pas vraiment que cela pût arriver, et nous voici dans le train ! […]. Les contrées qu’il va visiter, et dont il connaissait hier à peine le nom, prennent soudain de l’importance et viennent se placer au premier plan. Il achète des cartes, des atlas allemands avec roses des vents et vents peints en rose, et les courants tressés semés de mille flèches contradictoires, et les profondeurs de la mer du vert le plus tendre au bleu le plus noir […]. Au bout de quelques jours, ses pieds ne touchent plus terre. Il assiste à un grand décalage de toute sa vie ; il est déjà
parti : c’est la mystique des voyages ; bien qu’il communique encore avec les vivants, le voyageur n’est plus parmi eux. »

                                                                                    Paul Morand, Le voyage

1 commentaire:

  1. Bons voyages les petits. Profitez bien, faites attention à vous mais surtout faites vous plaisir. On se croise dans pas si longtemps si tout va bien ;o)

    Bonne route !

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